La butte Rouge.
Le jardin de l'Abbaye de Saint-Pierre, à l’origine un discret jardin romantique blotti le long de l’Yèvre fut remanié sous l’égide d’Eugène Henry Karcher en un ensemble paysager du plus pur style art-déco. Eugène répondait en cela au concours lancé par les institutions vierzonnaises en 1927 pour l’érection d’un monument au mort à la mémoire des victimes, de toutes les victimes de l’immense guerre.
Aussi l’angevin gagna-t-il la possibilité de dessiner le jardin et d’en construire en son centre un monument du souvenir célébrant la paix et la réconciliation des peuples opposés par la folie de quelques-uns.
Le monument d’Eugène Henry Karcher plaide pour la réconciliation des peuples et articule de sa présence les promenades méditatives des marcheurs humains et urbains.
Un auditorium au masque et à la lyre évocatrice des arts du théâtre, un lavoir couvert d’une verrière équipée d'une pompe d'eau chaude, s'il vous plait mesdames et un monument de la réconciliation ponctuent l’élégante promenade le long de l’Yèvre et du canal de Berry. Ici les contraires se rejoignent en une bienfaisante union inspirée de la magie du lieu et de la volonté des hommes.
L’art déco né dans les années vingt et succédant au florissant art nouveau à l’emphase exagérée impose son style, le retour à la raison par ses ferronneries droites, ses pilastres dressés en I, sa céramique mosaïques aux petits carreaux de couleur engrenées, ses volutes maitrisées, ses promenades géométriques aux courbes cadrées de bordures de fleurs et d’ifs carrés en taille formatées, déjà.
Ici les rameaux d’Olivier prêchent la paix sur fond de canal de Berry et les colombes sont célébrées et roucoulent abondamment dans le jardin d’Eugène.
Aussi les colombes amicales s'ébattent en toute liberté au pied du monument paisible. Dans le parc est chantée la paix pour la famille et la rédemption par le travail et la réconciliation. Respect aux poilus et aux rasés de tous poils !
Site : http://www.architecture-art-deco.fr/monument-aux-morts-de-vierzon.html
La brisure irréductible.
La butte rouge, c'est son nom; aujourd’hui on y danse.
La butte rouge (1923). Chanson de Montéhus mise en musique par Georges Krier.
Sur cette butte là y'avait pas d'gigolettes,
Pas de marlous ni de beaux muscadins.
Ah c'était loin du Moulin d'la Galette,
Et de Paname qu'est le roi des patelins.
C'qu'elle en a bu du bon sang cette terre,
Sang d'ouvriers et sang de paysans,
Car les bandits qui sont cause des guerres
N'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents !
La butte rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient roulaient dans le ravin.
Aujourd'hui y'a des vignes, il y pousse du raisin,
Qui boira d'ce vin-là, boira l'sang des copains.
La Victoire.
L’absurdité se commémore.
La considération et le respect s’oublient.
La famille allaitante est protégée par deux groupes de soldats protecteurs haletants; l’arme aux pieds.
Ainsi le square de l’Abbaye Lucien Beaufrère dans le plus pur style art déco chante le renouveau, le travail et la joie dans l’harmonie de la nature.
La flamme olympique évoque l’ambition généreuse et magnifique, celle essentiellement gratuite.
Les allées droites répondent aux allées et venues courbes.
Et les mosaïques carrées cadrent les fleurs rondes dans une nique malicieuse aux ferronneries verticales un brin austères. Il ne reste plus qu’à se taire et écouter; et à regarder paisiblement.
Et les hommes similaires en souffrance se donnèrent discrètement la main en opposition de dos voutés. Et tous deux s’arcboutent douloureusement à l’encontre de l’épaisse dalle pesante en division.
Cependant la nature aura toujours son dernier mort, à compter.
Chez ces gens-là, monsieur, l'on ne compte plus... les morts.
_ Ils ont aussi les pieds conjoints !
Le couteau diviseur ouvre la dalle du tombeau et libère la boite de Pandore guerrière et ses horribles et sordides secrets. Elle ne contient que des divisions et des couteaux.
BAYLOT Michel. Le 11 Novembre 2018. Respect.