Le mont Bar.

Une bombe torsadée et au creux de ma mémoire, un chemin creux; mais est-il encore un chemin ? Cette voie d’ocre colonisée par l’eau, ravinée par le ruisseau, étincelle sous son tapis de feuilles d’or… et la terre, l’eau et le feu se croisent sur la colline; le passé également. Simple colline mollement boisée de hêtres, d’épicéas et puis c’est ça, un volcan endormi.

Ces chemins de pouzzolane, chemins de scories vomies mais ennoblies par le vert moussu où couleurs complémentaires et duels à fleurets mouchetés rythment le pas sage étroit entre le sec et l’humide vers l'immobilité qui se cache; tapie.

Le creux feuillu allié en symétrie au bossu velouté dictent la marche et le pas fermement vers la hauteur. Et fondu froid en parallèle au touffu exubérant ferment la marche.  

Le volcan millénaire se vêt d'une parure de hêtres et d'épicéas au velouté contrasté. Il veille attentif au repos des morts et des vivants blottis aux pieds de la colline. Et le silence absolu seulement coupé de quelques rafales de vent impromptues recouvre de son mille-feuilles glacé le cimetière du village auvergnat.

La voute voluptueuse...

La voute voluptueuse des hêtraies légères au tapis argenté loge amicalement l’aspérule, et moi. Rêveries garanties à tous, à toutes et à chacun…

Voyons ! Pourquoi déviais-je ? Dévissais-je ? Ah, oui ! La voute voluptueuse… si ces quelques mots suffisent à l’incan_indescence ! Rêveries garanties… Les êtres nous font rêver. Mais certains plus que d’autres. Et cela semble être la même chose pour les lieux.

Bien reprenons l'à-propos de notre marche bucolique et mélancolique, balade sensitive qui nous ballade. L’écrivaine, dont le nom nous échappe dans l'instant… Ah oui, George. Quelle belle femme ! mais…

Oui, Sand est son nom. Elle pourrait d’ailleurs (et maintenant) s’appeler cendre, au vu de son état bucolique. Bref, Sand herborisait en ce lieu magique. Chassait-elle aussi la merlette ? Mais ce devait-être plutôt le merlan, frit ou pas, il passait à la casserole… entre deux asparagus. Sacrés guss.

Mauvaise langue ! Médisance ! Calomnie ! Espèce d’Asparagule ! chante le merle moqueur qui en a vu et fait bien d'autres.

De fait, cette contrée de chasse abrite de multiples conflits des plus larvé aux plus virils comme peut s'évoquer la guerre des champignons. Affrontements saisonniers entre cueilleurs patentés et pilleurs de sous-bois sournois tentés qui font feu de tout bois et de tout sous-bois. Aussi ils actualisent en saison la guerre millénaire des Cèpes. Mais qui peut honnêtement et en toute sincérité refuser une bonne poêlée de cêpes ou de pieds de moutons ? Efficacité garantie contre les morosités de tous poils.

Qui n'a pas ressenti d'oppression dans ces denses forêts artificielles d'épicéas bizarrement serrés à contre ?

L'Asparagus : plante ornementale, sorte d’asperge décorative qui, qui ?… zut et reflute, nous qui tentions de retourner à nos moutons volcaniques botaniques et naturiste naturaliste. Un sort contraire z’obstine.

L'Asperule odorante : fleur aimablement blottie sous le sous-bois de hêtres et sous nos linges d’armoires... à  la fragrance forcément sensuelle.

Aussi monte à la fin de l'été des sous-bois enfiévrés l'odeur prégnante du boletus têtu romain ou des troncs ou ceps trapus des gascons. Alors têtes marrons de bordeaux aux pores jaunes et au pied strié ou têtes noires à chair blanche auvergnates se cachent discrètement sous la feuille pudique.

Recette de la fricassée de bolets issue du TopoGuide « sentier vers Saint-Jacques-de-Compostelle ». Chemin de grande Randonnée. GR 654. [www.ffrandonnée.fr].

Saisir les cèpes à feu vif en les retournant plusieurs fois. Puis les laisser mijoter trois quart d'heures.

Avant de servir arroser les champignons d'un filet de citron ou de verjus. Mais ne succombez pas trop à la tentation. Laissez-en aux autres !

Qui ne se souvient de ces lamelles de cèpes embrochées et mises à sécher au bon air du pays ? "Une poêlée d'alouettes sautées au beurre". [Emile Zola. Le petit Robert 1]. Autres contrées, autres moeurs, autres appétits, autres mastications... 

Un assemblage de pisée, de pierres et de bois, pour mieux vous séduire et vous réduire… ici une analogie avec les champignons qui passent à la casserole s'impose, aussi accélérons le train.

Scierie de Sembadel-gare sis en bordure de voies de chemin de fer désaffectées par la SNCF en goguette. Activités majeures de la contrée, l'exploitation du bois hors celle des touristes.

La cendre était employée dans nos lessiveuses comme agent de blanchiment, remplacé depuis avantageusement par la soude et autres chimies décoiffantes. Elle est utilisée dans ce texte comme agent de nettoyage neuronal à visée purificatrice. Merci au Mont bar de nous fournir la précieuse substance pulvérulente. Rien de tel qu'une bonne éruption pour décaper toutes les démangeaisons quelles qu'elles soient !

[Photographie Internet]. La chaîne volcanique des Puys vient d'être inscrite en Juillet 2018 sur la liste des Sites naturels du patrimoine mondial lors du 42^e Comité de l'Unesco à Manama, désormais un site à honorer et à préserver. Et ce n'est pas rien. De fait plateau des Dômes, chaîne des Puys, faille de Limagne et montagne de la Serre cohabitent aimablement le long de la faille du grand Rift Auvergnat.

Montagnes des Dômes vieilles de plus de 350 millions d'années, volcans plus jeunes âgés de seulement 95000 à 8400 ans longent côté ouest la faille fertile longue de 32 kilomètres, ici un nourrisson de 35 millions d'années. Certes notre faille n'égale pas celle du grand Rift Africain mais elle n'est pas mal quand même.

www.chainedes puys – failledelimagne.com

Chaîne des Puys, le puy de la vache, puy de lassolas, puy du pariou, le puy de dôme coiffé de son temple honorant le dieu Mercure, puy de la chopine, puy de côme... tous aussi exemplaires les uns que les autres. Dômes, maars, cônes, lacs circulaires, coulées éventrées, remontées magmatiques anciennes, plateaux, bassins, montagnes au relief inversé par l'érosion... marquent le paysage de leurs empreintes boisées et fruitées mais bien moins sulfureuses qu'elles ne le furent à l'origine. Néanmoins de bien beaux restes offrant de biens belles balades aux amateurs d'itinérances douces... 

La faille de Limagne témoigne d'une émergence magmatique autorisée par l'écartement des plaques secondaires en fuites. Bassin effondré et socle ancien rythment une marche géologique de 350 millions d'années... ici aussi une belle itinérance douce.

Le mont Bar, molle colline apaisée domine en solitaire de son dôme et de sa tourbière haut perchée la petite ville d'Allègre aux contours arc en ciel. La ville de Germaine Tillon épouse ainsi les formes arrondies et sensuelles de ce paysage volcanique bien trop bombé pour ne pas transpirer un brin. Mamelon vient nous servir à boire...

Le Mont bar, comme ses analogues et homologues volcans, même assoupi, m’évoque irrévocablement une sexualité pas franche_ment endormie; assouplir et … soupirs. Les chemins creux, les monts et collines boisés ou pas, les trouées mystérieuses, les voutes accueillantes, les éruptions, les cratères, les bassins, les odeurs capiteuses odori_afférentes, les coulées de laves incandescentes, les cheminées géodésiques, les cris de la chouette effraie qui m’effraient, les tocs tocs puis-je entrer du pic et pêche et autres pêcheries en eaux troubles…

La poterne de la forteresse d'Allègre dresse encore haut et fier sa tour prend garde.

Au final, quel site volcanique! Quel caractère ! Quel point culminant au creux magique pour la baguette d'Harry empôté qui pointe déjà du doigt son nez. Mais chut !!!

Le regard doux... le velouté de la peau, le crin crissant… mais quel séducteur n'y-a-t-il pas là !

Il lui suffit d'attendre et la caresse survient. C'est comme pour l'entropie, une sorte d'expression naturelle et spontanée de la pente... une inclinaison de nature.

_ Pas facile, papa ! Mais quelle bombe n’as-tu pas dégoupillée là ! Comment vas-tu calmer cette poussée végétative éruptive ?

Facile blog ! Il nous suffit d’un textus interrompu et tout rentrera dans l’ordre. Mais non sans vous avoir parlé du secret tapis au fin-creux mais un peu gras du Mont Bar; celui de la tourbière à l’étrangeté amplifiée par les arbres morts petits gris qui s'y dressent et qui y survivent au-delà de leur temps. En lieu et place d’un lac volcanique aux eaux pures, le cercle fermé limite un entre-deux incertain et mouvant aux couleurs moites et troubles plantées d'herbes folles décoiffées. Et elles se courbent sous le vent absent, immobile.

Un lac volcanique. [Photographie Internet].

Navigue en ces eaux plantées un radeau de la méduse en végétation épaisse flottant sur une mer impalpable en dehors de quelques chaussures aventureuses. Une eau vive stagnante que l’on devine dans ses reflets discrets aimante irrémédiablement l'hêtre au risque d’être un brin trop collant. Mais où va donc se nicher la passion ! Mais simplement dans les milieux spécifiques sui généris.

Ainsi voilà l’explication du lieu étrange… George, Merlette, Louis, Marie, Merlan, Frédéric… longue est la litanie des séduites et des réduits… qui imprègnèrent abondamment de leur présence intime ce lieu d'eaux, de radeaux, de bois et d'herbes au volcan pas si éteint que cela. Un lieu qui étreint !.. toujours et encore. Et qui persiste dans son aura ou ne l'aura pas.

Un lieu d'ombres, de lumières et de silence, immobile à foisons. [Photographies Internet].

Certaines légendes du cru évoquent le diable, un trésor forcément caché, des pirates, des combats navals, des vengeances irréductibles … Le diable et le bon dieu se rencontrent sur la colline et s’y affrontent parfois.

BAYLOT Michel. Le 9 Septembre 2014. En balade myo-relaxante, quoiqueue. Point-barre.

Catherine PILLON. Documentaliste poétesse.

Office du Tourisme d’Allègre. Documentation de la ville « d'Allègre ». Haute-Loire.

La tourbière du mont Bar. Non ! Ne te barres pas ! Monts et démons. [Photographie Internet].