11- Armistice.

Naguère; Ceux qui ont façonné la Terre,

Poilus rasés, unis dans la peur essentielle, Africains, Allemands, Anglais, Français et tous les Autres, inconnus.

 Entre... et Sort.
 Peurs,
 Peurs bleues,
 Peur indicible,

 Attentes béantes,
 Fumées enlaçantes,
 Larmes blanches rosalies,
 Irruptions et éruptions,
 Boues et debouts,
 Noueux sarments écailleux aux bras de fer, Je vous préfère,

 Fracas d'enfers,
 aux Douloureuses incrédulités,
 Silences reposants,
 à l'Immobilité violette,
 Calmes absences, 
 alliée à la Noueuse Camargue aux reflets noirs incertains,

Je ne vous espère pas,
Bien que parfois...

Une des rares histoires contées par mon Père le rappelait à son enfance dans le gros bourg qu'était alors son village. Dans ce haut village de Haute Loire, hautement religieux, les Femmes affirmaient voir dans les nuages, le jour de l'Armistice, alors que les cloches de l’Eglise sonnaient à pleines volées, des drapeaux tricolores en défilés.

Le petit Papa Louis avait beau s'écarquiller les yeux, point de nuages en forme de drapeaux républicains. J'imagine aisément la confusion qui devait alors régner dans toutes ces têtes et le vide monstrueux des espérances.

L’état-major des armées avait pour officieuse consigne de démobiliser le dernier homme vivant de la Famille afin de préserver un minimum. Sur les monuments dédiés aux morts Français présents dans tous les villages ruraux du Pays, peuvent cohabiter jusqu'à trois noms d'une même famille, mais rarement plus. 

L’Homme sait rester humain en toutes circonstances; même l'Inquisition faisait passer à table les humains suppliciés.

J’en avais conclu un peu hâtivement aux propensions hystériques définitives des Femmes. Des visions célestes ! Et pourquoi pas des apparitions de Vierges ou de Saints multiples !
Ce ne sera que bien plus tard que m’apparut la triste et banale vérité : ce petit village déserté n’était plus que peuplé de Femmes en deuil et d’Enfants orphelins, séquelles multiples de l’hystérie masculine.

Un homme est allé jusqu’à célébrer les vertus de la baïonnette dans une chanson de l’arrière train, Rosalie la baïonnette qui fait du bon travail.

Merveilleux Droits de l'homme !.. où sont tes Devoirs ?

L’image que je garde de la Grande Guerre est la silhouette de la Tante, toute de noir vêtue toute sa vie, même le jupon, efflanquée, deuil en marche, béate d’incrédulité et orpheline d’Hommes, se réfugiant dans les bras de la religion consolatrice.
Image de non vie et d’inquisition en détresse, de négation du corps et de sa nudité, bains en chemisette; le corps en ces lieux n'est admis qu'en supplicié.

Femmes égrainant les décès survenus sur l’année écoulée, faisant fuir mon Père réfugié dans les Bois environnant, dans un maquis reposant et ressourçant; sans doute le devoir de mémoire ?

BAYLOT michel. Le 11 Novembre 2013. Dans la boue jusqu'aux trippes.