115- Le jardin Art déco.

10 novembre 2018

Evadons-nous dans les bois pendant que Louis Napoléon III n'y est pas. Mais gare au loup !

Parc Napoléon 214 K° À l’horreur, ils sont là ! Tous les trois ! Ils s’apprêtent.

Le soleil hésite mais préfère se voiler la face. Ils brandissent déjà leurs armes d’acier, de scieurs de long.

_ J’ai peur !

Triste histoire que celle-ci, la fin d’un Remarquable, abattu par plus petits que soi.

Quelques parasites, quelques champignons un peu plus agressifs que les autres, ou quelques faiblesses inavouées et s’en est fini ! Les dés de bois ont roulé …

Les tests sont formels et la sentence est tombée, implacable ! Il est nécessaire de l’abattre. Point de faux semblant, point de repentir, l’euthanasie active s’active.

La broyeuse est montée, sur roues; les tronçonneuses aux mordants incisifs forment la chaîne et le scieur s’apprête. Casque et visière en tête, un dernier acte de bravoure n’étant jamais à exclure, le plus jeune s’avance pour la dernière cognée, la dernière bataille de marrons, de mars ou de cailloux, noms communs donnés à la forme ronde de ton fruit. Le coin final peut dès lors s'écrire.

Si pour te défendre tu n’as que ces quelques fruits cocasses à cosse épineuse, tu es bien marron ! Tu es bien fait et mal fait ! Refait ! Et défait.

Admiration devant le dernier combat du Géant. Tu seras bien mort d’un plus petit; Toi qui portait haut, vingt-huit mètres à la pointe et pas l’ombre d’un bourrelet malgré tes 112 centimètres de taille; quel ventre plat ! Avant le plat ventre et le par terre.

Et plusieurs fois centenaires avec seulement quelques rides de tronc. Mais le résistographe et les tests de traction ont rendu leurs sentences sans appel; point de recours ! Point de secours. Seul un réductible avenir s'annonce, ça casse et c’est tout.

La sentence est limpide. Tu as été condamné à la peine majeure. Tu seras débité à l'aurore en Jardin public !

Tu aurais dû rester en Albanie ou en Grèce, tes Pays d’origines. Ainsi aucune reconnaissance pour tes bons soins apportés aux fiévreux. Il est vrai que tes services étaient délivrés aux seules forces armées de Napoléon I^eren remplacement du quinquina bloqué par le blocus continental anglais.

Mais bon sang de bois ! Ce jardin est anglais, de style anglais ! Créé en 1861 par la volonté toute puissante de l’Empereur des français !

Aussi l’ingénieur Radoult de Lafosse pour le tracé et la construction aidé de l’horticulteur Marie de Moulins pour la plantation des arbres matérialisèrent la vision d’un homme. 450 arbres et 65 espèces différentes en provenance de plusieurs continents furent plantés ici; une merveille qui perdure- une victoire. Et un bras secondaire de la rivière Allier comblé pour l’accueil du parc. Seule la petite Serpentine témoigne toujours de l’ancienne présence aquatique et du passé sauvage du lieu.

_ Mais Je ne veux pas y passer moi ! Bon sang de bois.

Tu n’as pas misé sur les bons numéros; Napoléon III lui aussi se détourne dans sa tombe et ne fait rien. Mais Tu aurais dû t’en douter, son prédécesseur était resté trois mois sur le PÔ sans rien faire !.. alors simple période de méditation scatophile en pré-éclopée italienne. Et Tu te demandes encore pourquoi les français sont mal vus à Venise ?

Tu aurais mieux fait d’aller à Vierzon, comme Jacques Brèle. Là-bas, ils ont un splendide jardin romantique de style art déco un brin année fo-folle où Tu aurais été bercé tendrement entre les bras du Cher et de l’Yèvre dans ce généreux entre-deux protecteur où se chante la paix des Nations et qui sait, aussi la paix des Arbres.

Même CAZE se casse à Vierzon ! Et pourtant le discret jardin de l’Abbaye bénédictine recèle bien des merveilles et des chemins méditatifs à emprunter… mains dans la main.

Ville de VIERZON.

Le jardin de l'Abbaye de Saint-Pierre, à l’origine un discret jardin romantique blotti le long de l’Yèvre fut remanié sous l’égide d’Eugène Henry Karcher en un ensemble paysager du plus pur style art-déco. Eugène répondait en cela au concours lancé par les institutions vierzonnaises en 1927 pour l’érection d’un monument au mort à la mémoire des victimes, de toutes les victimes de l’immense guerre.

En opposition la nature s’unit dans une exubérance de différences et nous montre le chemin du jardin d’Eden, tout de même un peu encombré.

L’écureuil roux va te regretter, le marronnier. Mais il ne sera pas le seul !

En ce mardi 18 Mars 2014, le lendemain de la première Journée internationale des forêts; le plus grand marronnier blanc de Vichy, blanc de peur, va être abattu et éliminé du parc Napoléon III. Et s’en sera fini de ce Remarquable; trop dangereux, trop miné par les parasites, trop fragile, trop de tout ! Mais plus assez de vie.

Une lumière fragile va s’éteindre, au parc.

Cependant il fallut trois jours de basses besognes, de tristes besognes pour abattre le Géant ! Demeure, dernière, une souche aux belles couleurs et aux belles formes.

Vous voilà informé !

_ Moi ! Je suis réformé.

Cependant le merle persiste et chante encore la vie.

BAYLOT Michel. Le 28 Mars 2014. Au parc Louis Napoléon III. VICHY.

_ Je m’étais pris un marron dans l’œil à l’âge de onze ans. Mais j’avais pardonné depuis, moi !

Une vie tourmentée, la vie d’un arbre.

« Les conifères souffrent de la chaleur, les frênes manquent d’humidité et le bouleau et le hêtre commencent à être limite, géographiquement pour notre territoire -Dominique Scherer, directeur des espaces verts de la ville de Vichy. Quotidien la Montagne. Auvergne. Mercredi 7 novembre 2018.

Le micocoulier originaire de Provence devrait faire son entrée dans les parcs pour remplacer les chênes actuels. On met des plantes adaptées au manque d’eau… En 27 ans je n’avais jamais vu une sècheresse aussi tardive et qui dure aussi longtemps. Les nuits n’ont pas été assez humides car la chaleur ne diminuait pas. Autrefois la rosée nocturne permettait de limiter les dégâts. Les arbres réduisent leur voilure, sèchent de la pointe ou éliminent une partie de leurs branches. Ils brisent leurs branches trop sèches devenues ainsi trop cassantes. Des embolies de sèves se produisent et l’ensemble de la végétation se trouve fragilisée pour les années à venir. Il faudra se montrer extrêmement attentif… ».

Aussi une nouvelle guerre encore plus globale et plus sévère se profile dans notre avenir proche. Et quelques hommes seulement s’y préparent.