Les treize Desserts.

Une des belles traditions de Provence s’affiche dans les treize desserts clôturant le « Gros souper ». Ce souper célébré en grande pompe durant la nuit de Noël précède la messe de minuit et évoque l’enfant qui va naitre.

Le repas festif familial témoigne par la persistance de ce culte convivial la communion humaine autour de la vie humaine et honore sa grandeur. Ces agapes fêtent la naissance à venir du petit et son mystère. Ainsi Lou gros soupa [le Gros souper] est une fête païenne s’il en fut ! 

_ Attention papa ! Agapes est un mot ecclésiastique qui se traduit par "agapé" et exprime l'amour dispensé et partagé lors de ces festins propres aux premiers chrétiens. Agapes = amours, l'équation mathématique que nous préfèrons et comprenons. Ces premiers festins exprimaient une fraternité et une solidarité partagée; la communion, quoi !

Blog, agapes est un mot propre à la religion chrétienne. Un mot qui exprime la communion, l'amour et le partage avec les humains et probablement aussi... avec les bêtes et tout le reste... sauf avec les tyrans.

Photographie tirée du livre de Marion NAZET. Noël Provençal. EDISUD. 1€ d'occase, la Grosse occasion.

_ Voyons Papa ! C’est la pompe à l’huile qui clôture traditionnellement le gros souper et non les treize desserts.

Ce pain rond ou allongé en forme de galette plate qui est nommé le gibassié ou la fougasso dans l’arrière-pays est un gros biscuit éventuellement trempé dans un vin cuit; et il compte pour l'un des treize incontournables. Il se marque d’une croix à choix multiples, de préférence religieuse- mais pas forcément. Cette poumpo nommée aussi le panaio à la pâte de pain classique se compose d'une farine mélangée au levain et cuite à l’huile d’olive pour finir perçé de quatre trous comme les grognards de la Grande armée.

Ainsi la pompe est un dessert qui se ressert et nous use que si l'on s'en ressert ! 

C’est fou comme les enfants et les adultes sont en demande de re_pères et de traditions rythmant le cours de l’année et de la vie. Se puise probablement dans ces traditions aimables l'origine du rêve.

Je me souviens du rite essentiel et commun avec notre Père (qui est aux cieux) posant dans la crèche, à minuit pile, l’enfant Jésus, le petit, dans son lit de paille bien au chaud et blotti au creux du souffle conjoint de l'âne et du bœuf.

Tout mon Père irrité par cette débauche d’abondance qui le renvoyait à sa solitude d’enfance à l’orange orpheline, unique cadeau en ces temps désarticulés au fond d’une Auvergne chrétienne et froide. Cependant ils faisaient au mieux et pour le mieux…

Tout mon Père construisant méthodiquement la crèche de Provence dans cet empilement de vieux bouquins usés jusqu'à la trame structurant collines et montagnes et vallons recouverts de papier crèche, justement; encadrant les ruisseaux serpentins scintillants sous les lumières enguirlandées aux plis et courbes d'argent de chocolat, de papier de chocolat. Avec la mare à canards d'eau en pataugements de miroir gentiment prêté par ma Mère, mais personne n'était dupe, et surtout pas les moutons bouclés qui s'y désaltéraient sans cesse, jusqu'à plus soif; figés.

Mais aussi le moulin à vent agitant ses grandes ailes immobiles qui trônait la haut, de guingois sur la colline de guingois avec de drôles de courants d'air de papiers. Et n'oublions surtout pas la petite vieille courbée et maigre pliant sous le poids de son fagot de bois, vrai, en avance sur le chemin fabuleux de sa démarche éreintante.

Ainsi tous les ans trônait sur la commode la crêche provençale en un rite immuable où le Sapin païen n'avait point sa place. Ainsi tous les ans à minuit pile, inévitablement mon Père posait délicatement l'enfant Jésus sur son lit de paille, le... sur la commode. Et ce n'était point commode.

Alors les lanternes de fagotilles éclairaient le chemin de papier plié en suivance de la flèche étoilée aluminisée collée d'oblique sur le ciel de crèche opaque, voire plus rarement bleu ciel.

Ciel nocturne de Montagne. La voie Lactée. Photographie Internet....

Et tout ce petit monde de converger vers l'enfant en devenir.

Va, vis et deviens... aussi ne sommes-nous pas tous d’étranges étoiles filantes au destin chocolat, de guingois ?

Seuls les trois Rois mages et le dromadaire au drôle d’air, voir l’éléphant gris à grandes oreilles restaient à l’écart… ils entreront en scène et en fanfares lors de la proche Epiphanie et de la galette briochée couronnée de succès qui l'accompagne.

Une crèche réalisée par une aficionados, qui en a plein le dos... au Dieu-dit « Les Vignes » sis dans la Montagne Bourbonnaise. Ici aussi les trois Rois attendent humblement leur importance en retrait, mais pas les dromadaires à la bosse qui se brosse. Le bœuf au souffle chaud a cédé sa place à la girafe à long cou. Mais l’Arlésienne et la petite vieille au dos courbé sont toujours en chemin…

Le vieux port à la sardine obstruante et tonitruante en accostage bourbonnais tempête mollement de la voile.

Après, mais seulement après, le Gros soupa !

Selon la tradition provençale le Gros souper pouvait se tenir avant la messe de minuit. Cependant, nos parents dans leur immense sagesse réfléchie privilégiaient les nourritures spirituelles aux terrestres, sans les négliger pour autant, en emporte le vent; d'abord la messe puis en seconde intention le gros souper. Ont-ils eu raison ? Eux savent.

Noël ! Une des exceptionnelles réjouissances familiales sans dérogations. Et ma mère épuisée mais pleinement heureuse du bonheur irradiée se délectait de notre plaisir vorace, bien qu’un peu embrumé par les lourdes vapeurs du sommeil en sape; le choc des paupières sous le poids des heures en continues. Un Gros merci !

Minuit ! L’heure du Gras repas.

Lou rebalun dou gros soupa (le menu dû…).

Ce Saint diner nommé Sant Crebassi ou Sant creba s’apparente au repas de « mardi gras où il est mangé avec excès ». Il se tient traditionnellement dans la nuit de Noël, juste avant la messe de minuit.

Avant Vatican II durant l’Avent, c'est-à-dire les quatre semaines précédant la Sainte nuit, la règle était le jeune et l’abstinence de purification et de méditation. Et par contraste, ce repas de libération et de libation paraissait somptueux. Il est vrai qu’au sortir de ces gros soupers, la grosse soupape était bien souvent de mise…

BAYLOT Michel. Le 24 Décembre 2014. Un pro qui est bien chocolat en recherche de casseroles; propres.

Bibliographie. Recette des Orangettes. Revue Marmiton. Recette proposée par Sophie_9. Page GD.

Noël Provençal. Saveurs § Traditions. Marion NAZET. ÈDISUD.

 [Mensuel Télérama. N° 3426].

Le cadeau de Clopî : un beau Gosse à rêver !

Il va se faire peler comme une Orange de Noël, celui-là !

Mais est-il seulement Bio ?

Il est bien trop phosphorescent !

 La Scola de la Valeia. Hiver 2009. Barcilouna en Prouvança.

Alpes de haute Provence.

Peti Papa Noël.

Je t’écri pour avoir beaucoup de cadeaux. Je voudrais une paire de patins à roulettes plutôt qu'une paire de claques que m’a promi mon Papa. J’ai déjà mis mes chaussure devant la gasinière ce qui fait râlé Papa. J’ai pas été sage mais c’est normal. Je suis un petit garcon jeune. Aussi si tu pneus me donner beaucoup de cadeaux qui roulent ? Mais pas d’oranges s’il te plait. Il faut les peler et ça me pèle. Et en plus il fait froid. Je t’aime mon Papa, mais plus fort à Noël. Je t’embrasse bien fort. Blog Baylot. Mais j’ai promi d’être sage jusqu’à noël comme pour Clopî.